Candidat·e·s à la présidence de la République, quels sont vos engagements pour les femmes ?
Tribune rédigée par l’Institut du Genre en Géopolitique à l’occasion du 8 mars, la journée de la lutte pour les droits des femmes
Signataires : Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme, Biodiversity For Peace, Humanity Diaspo, Institut du Genre en Géopolitique et Wecf France
Le mandat quinquennal d’Emmanuel Macron arrive bientôt à échéance. Marqué en premier lieu par la vague #MeToo en 2017 exprimant les exigences de la société civile pour une remise en question de notre modèle patriarcal, la Grenelle contre les violences conjugales en 2019 laissera les ONG féministes sceptiques, puis par la pandémie de COVID-19 exacerbant des inégalités et des violences structurelles et enfin par le Forum Génération Égalité en 2021 qui a récolté 40 milliards de dollars pour l’égalité femmes-hommes dans le monde. Le bilan de ces cinq dernières est en demi-teinte. Pour ce prochain mandat, l’Institut du Genre en Géopolitique, l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme, Biodiversity For Peace, Humanity Diaspo et Wecf France soumettent cinq recommandations générales sur lesquelles faire reposer les politiques nationales et internationales à venir.
La France fait partie des principales puissances progressistes sur la scène diplomatique en matière de défense des droits des femmes et porte un plaidoyer engagé en faveur de la défense des enjeux de genre au sein des instances internationales. Pourtant la totalité de ses actions étrangères ne reflète pas cette volonté politique, en témoigne la place de l’Arabie saoudite, devenue le premier client de la France en matière de vente d’armes alors que de nombreuses exactions saoudiennes contre les femmes yéménites sont signalées. La politique étrangère de la France doit faire preuve de cohérence avec nos principes de défense des droits humains et s’opposer aux coalitions multi-acteurs conservatrices agissant contre les droits fondamentaux des femmes, notamment les droits et la santé sexuels et reproductifs.
Le droit à l’avortement est dangereusement menacé dans le monde et contesté sur le sol français. Durant les confinements l’accès à l’avortement a été restreint et le projet de loi d’allongement du délai de l’IVG de 12 à 14 semaines a été adopté difficilement. Le droit des femmes de disposer librement de leur corps est à inscrire dans la constitution française afin d’en reconnaître le caractère fondamental.
En 2021, 102 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire. Les scandales s’enchaînent autour de la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles, de l’impunité des agresseurs, du traitement médiatique de ces crimes. Il est indispensable d’augmenter les financements alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles à hauteur de 0,1% du PIB national. Il n’est plus question de réparer les conséquences d’une société machiste et discriminante envers les femmes, mais de protéger en amont la moitié de la population. Des formations pour les forces de l’ordre, une éducation aux plus jeunes pour les sensibiliser sur l’égalité de genre et des places d’hébergement pour les femmes victimes sont autant de mesures qui accorderaient à notre société les moyens de panser ses plaies.
Vouloir combattre les violences sexistes et sexuelles sans tenir compte des vulnérabilités et des violences faîtes aux femmes LGBTI+ et en situation de handicap qui y sont surexposées ou encore des préjudices raciaux, c’est offrir une aide sélective et discriminatoire. In fine, c’est faire obstacle à une société plus juste, plus égalitaire et condamner les personnes victimes de racisme, de validisme, de lgbtiphobie à une vie d’exclusion et à davantage de discriminations. Il est crucial que la France reconnaisse l’impact des discriminations multiples et interdépendantes, et adopte les principes de l’intersectionnalité dans ses politiques publiques et les formations données à ses agent·e·s.
La pandémie met en exergue l’invisibilisation des femmes dans l’ensemble des sphères de décision et leur surreprésentation dans les métiers précaires et essentiels. Pour mettre en place des politiques publiques adaptées à la diversité des besoins et des luttes des femmes, un dialogue permanent avec les organisations de la société civile est nécessaire. La représentation des femmes au sein des instances de décision est une garantie pour la construction d’une société juste et égalitaire.
Le 8 mars est une journée symbolique pour rappeler que les droits des femmes sont des droits humains. À tout·e·s les candidat·e·s à l’élection présidentielle de 2022 : quels engagements comptez-vous prendre pour plus de la moitié de votre nation ?