Témoignage de Me Sarah Sameur : "On en apprend sur sa propre capacité à porter une parole"

Vendredi 28 juillet 2023 | Propos recueillis par Elisa Pothée

Elisa Pothée : Qui es-tu ? Depuis combien de temps exerces-tu ?

Sarah Sameur : Je suis Sarah Sameur, associée fondatrice de Demain Avocats depuis janvier 2023. J’ai prêté serment devant la Cour d’appel de Paris en 2019. J’exerce dans un cabinet que j’aime à qualifier de « boutique juridique à taille humaine » voulant créer un pont en le droit des affaires et les droits humains. Mes deux pôles de compétences sont d’une part le financement de projets à impact sur les droits humains, et les droits humains dans les transactions commerciales. D’autre part, j’exerce en droit des étrangers et droit d’asile parce que je suis attachée aux libertés fondamentales.

E.P. : Comment as-tu connu l’Alliance ? Depuis combien de temps es-tu membre ?

S.S. : J’ai connu l’Alliance par le biais d’un podcast diffusé sur LinkedIn sur la Plateforme des droits de l’Homme. Je suis membre de l’association depuis fin 2021, soit depuis un an et demi.

E.P. : Quel type de dossiers traites-tu principalement ?

S.S. : Je traite principalement des dossiers concernant des mineurs non-accompagnés et les dossiers de demandeurs d’asile.

E.P. : Peux-tu nous raconter un dossier qui t’a marquée ?

S.S. : Le dossier qui m’a le plus marqué est le dernier dossier que j’ai traité avec l’Alliance. Il s’agissait de l’accompagnement d’une jeune malienne ayant fui son pays à 14 ans, avec son cousin. La jeune fille avait subi des mutilations génitales et craignait un mariage forcé en cas de retour dans son pays d’origine.

Ce qui était touchant et à la fois compliqué dans son parcours, c’est qu’elle n’a pas fait sa demande d’asile dans les six mois suivant son arrivée sur le territoire, mais a été « recueillie » par un membre de sa famille, qui la traitait très mal.

Elle s’est toutefois inscrite au lycée, ce qui lui a permis de rencontrer les membres d’une association qui l’ont orientée vers la demande d’asile. Il fallait donc l’accompagner pour rédiger le récit de sa vie et la représenter devant l’OFPRA.

Ce qui me semble capital dans le rôle de l’avocat lors de la préparation d’une demande d’asile, c’est d’abord d’aider le demandeur à faire un récit de vie circonstancié pour pouvoir être crédible auprès de l’officier de protection. Il faut donc expliquer à son client qu’il doit donner des détails très précis sur les persécutions subies, sur l’environnement familial, social, économique et obtenir un narratif cohérent pour que l’agent comprenne et voit le lien de cause à effet entre la menace grave et l’explication fournie.

Par ailleurs, mon rôle est d’aider l’administrateur ad hoc, l’association sollicitante et le demandeur d’asile à enrichir le dossier. 
À titre d’exemple, la production de certificats médicaux me paraissait nécessaire afin d’appuyer son récit de vie. De même, elle subissait des pressions de sa famille via WhatsApp pour la forcer à se marier, j’ai donc fourni des captures d’écran anonymisées de ces conversations.

Ses parents, ne voulant plus entendre parler d’elle, avaient donné une délégation d’autorité parentale à la personne qui l’hébergeait en France. Là encore, j’ai estimé qu’il s’agissait d’une donnée importante qu’il fallait porter à la connaissance de l’OFPRA pour illustrer la gravité de son parcours.

J’ai de surcroît assisté la jeune dans la production des documents attestant de son inscription et de son assiduité à l’école, afin de démontrer sa volonté de s’établir sur le territoire français de manière pérenne.

Enfin, mon rôle durant l’entretien est de faire des observations devant l’officier de l’OFPRA pour souligner des informations qu’il n’a pas nécessairement relevé. À titre d’exemple sur ce dossier il était intéressant de comprendre que certes, la jeune fille était convoquée quatre jours après sa majorité, mais que la récente minorité de la jeune fille était un élément important pour comprendre son parcours. J’ai donc souligné cet élément auprès de l’officier de protection.

Enfin, le rôle de l’avocat selon moi est de qualifier juridiquement les faits. Je qualifie donc, dans mes observations, au visa de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Je rappelle en quelques phrases le fondement sur lequel est formulé la demande d’asile. Cela implique d’effectuer des recherches afin d’avoir des données précises et chiffrées sur la menace grave subie par notre client.

Pour ma plus grande satisfaction, le statut de réfugié a finalement été octroyé à cette jeune fille.

E.P. : Pourquoi travailles-tu sur ces dossiers ?

S.S. : Ce sont des dossiers touchants. Je fais preuve d’empathie, tout en gardant de la distance avec mes clients pour les conseiller au mieux. Mon empathie n’enlève rien à mon objectivité mais je tente toujours de créer un lien de confiance avec eux. Ainsi, je leur montre qu’ils peuvent être parfaitement transparents, que je ne les jugerai pas et que je les crois.

E.P. : Pourquoi fais-tu du pro bono ?

S.S. : Je fais du pro bono parce que je suis investie, de manière bénévole et citoyenne, depuis ma majorité dans diverses associations et ONG. Pour moi, l’engagement citoyen est un socle fondamental dans ma vie quotidienne. Si je peux mettre à profit mes connaissances techniques et juridiques pour défendre des personnes très vulnérables qui n’ont ni les outils, ni les moyens de se défendre, c’est une victoire.

Je ne me vois pas pleinement citoyenne si je ne participe pas, même à une échelle minime, à de l’assistance juridique gratuite. Je pense que c’est le rôle de tout avocat et cela permet de m’aligner avec mes valeurs.

E.P. : Que t'apporte l'AADH dans le pro bono ?

S.S. : L’AADH m’apporte du soutien et de l’orientation. Quand j’ai des questions, je peux vous contacter et obtenir des réponses rapidement. L’AADH m’a permis de faire des rencontres humaines fabuleuses, j’ai même l’impression de faire partie d’une famille. C’est agréable d’échanger avec des personnes avec lesquelles tu partages des valeurs fortes, qui portent les mêmes combats. L’AADH me permet également d’avoir accès à de nouvelles connaissances et des formations.

E.P. : Recommanderais-tu à des confrères et consœurs de participer au programme Enfance Précarité Zéro ?

S.S. : Oui, sans hésitation. C’est enrichissant humainement, on apprend beaucoup autant sur la résilience dont les mineurs peuvent faire preuve, que sur nous et notre capacité à prendre du recul, à rester objectif et pouvoir porter une parole.

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